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Portrait
SPINDLER une dynastie qui traverse l’histoire de l’Alsace avec brio
Par Bretzels d'Or
LE 15 avril 2024

En Alsace, Spindler est synonyme de marqueterie d’art. Au premier regard devant une marqueterie, sans même chercher la signature, on s’esclame « c’est un Spindler » On ne risque pas trop de se tromper, leur marqueterie figurative a séduit toute l’Alsace. Il faut posséder un Spindler et le montrer.

L’histoire est extraordinaire et on se demande combien de fois Jean-Charles Spindler doit encore raconter plus d’un siècle d’histoire avec ses prédécesseurs, son père et son grand-père devant tous ses hôtes à Saint-Léonard, ce lieu rempli d’histoires, là où tout a commencé. 

 

Charles Spindler naît français en 1865, et 5 ans après, l’Alsace bascule dans le Reich allemand. Très jeune, il débute la peinture dans les académies allemandes mais reste résolument attaché à l’esprit français. Il s’initie au croquis puis au dessin notamment des costumes avec grande précision. A Strasbourg, l’année 1890 marque un renouveau artistique et une renaissance culturelle. Charles Spindler y occupe une place prépondérante. Anselme Laugel lui propose de s’installer à Saint Léonard et ensemble, ils montent le mouvement artistique qui porte le nom de « cercle St Léonard » 

Le cercle de ces ardents alsaciens se réunit le dimanche, soit chez Anselme, soit chez Charles. «C’est là que s’éveille la vie culturelle de l’Alsace, à travers les échanges nourris de tous ceux qui veulent exprimer par le dessin, la peinture ou la poésie ce qu’ils ressentent pour leur province. Le mouvement alsacien prend son essor et une personnalité alsacienne consciente se forme pour la première fois dans son histoire, passionnément animée par des Alsaciens de cœur, tant français qu’allemand. Une Alsace nouvelle est en train de naître, avec un art qui a sa saveur propre, entre les influences françaises et allemandes.» commente Michel Loetscher dans l’ouvrage Spindler édité par la Nuée Bleue. 

 

En 1896, un des convives, présente à Charles Spindler le fabriquant de foie gras Auguste Michel. Celui-ci décide de les inviter tous avec ceux qui gravitent autour, au rythme d’une fois par mois, chez lui, dans son Schlössel de Schiltigheim. Cette nouvelle forme de convivialité sera baptisée Kunsthafe, la marmite de l’art.  On y parle français et des hôtes de passage, séduits par l’accueil typiquement alsacien, honorent le Kunsthafe comme Sarah Bernhardt, Constant Coquelin, l’écrivain René Bazin qui, pour l’occasion, brosse de Spindler un portrait sensible et perspicace.

Paul Spindler, fils de Charles s’imprègne de ce bouillon de culture et l'atelier lui sera transmis dans les années 1930.  Il a filmé dans toute l’Alsace, et aussi lors de ses nombreux voyages. Il gardera pour port d’attache la belle maison familiale et l’atelier de marqueterie de Saint-Léonard. Il continuera le style paternel en perpétuant les thèmes traditionnels alsaciens, mais crée aussi des œuvres nouvelles empreintes de mysticisme.  Ses films étaient utiles à son travail d’artiste. 

 

Jean-Charles reprend en 1975 l’entreprise familiale remplie déjà par l’héritage artistique du père et du grand-père. Il passera de l’art décoratif à des marqueteries plus contemporaines, s’exprimant avec la même matière dans le même atelier, mais, à sa manière. Son talent est reconnu et les commandes affluent du monde entier. Ses panneaux « dits décoratifs » essentiellement dans l’abstrait et le floral, sont des œuvres d’art à part entière qui poussent la marqueterie résolument dans le 21ème siècle. Le résultat est époustouflant et d’une grande modernité, comme si, à l’égal des vignes qui l’entourent, la marqueterie aussi est redevenue plus naturelle.